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Umba Wa Bondo Kazadi

9 août 2015

L'évangélisation et enseigner Lorsqu'on utilise

L'évangélisation et enseigner

Lorsqu'on utilise les modèles d'évangélisation revivalistes, soit dans les Eglises particulières, soit dans l'évangélisation de masse organisée aux dimensions des villes, on rencontre souvent le même problème : ces modèles laissent très peu de place à l'enseignement. Ces méthodes sont donc inadéquates lorsque les gens atteints ignorent les bases bibliques. R.-B. Kuiper disait avec sagesse : “ Historiquement, l'appel, dans les évangélisations de masse, a fait largement appel à la volonté et aux émotions. Cela découle de la prédication évangélisatrice d'un Wesley et d'un Whitefield, de façon moindre de celle de Jonathan Edwards, et très certainement de celle de Dwight L. Moody, Charles G. Finney, Billy Sunday et des Gypsy Smiths plus récents. La nature de cet appel trouvait quelques justifications. Tous les évangélistes sus-nommés avaient de bonnes raisons de penser que leur auditoire possédait une certaine connaissance des rudiments du christianisme. Aujourd'hui, ce présupposé n'est plus valable... La population dans son ensemble est d'une incommensurable ignorance en ce qui concerne l'histoire, la doctrine ainsi que l'éthique bibliques. Par conséquent, aujourd'hui, une prédication évangélisatrice doit être d'abord instructive. ”[1]

Paul parlait de la Bonne Nouvelle qu'il avait été chargé d'annoncer en tant qu'apôtre et enseignant (2 Tm 1, 10 s.) et il disait du Christ : “ Ainsi nous l'annonçons à tout homme. Nous avertissons et instruisons chacun, avec toute la sagesse possible ” (Col 1,28). Dans ces deux textes, la mention de l'enseignement est une explication de la référence à la prédication ; Paul se considérait lui-même comme un prédicateur enseignant, un évangéliste éducateur, et il est d'importance vitale qu'aujourd'hui nous nous conformions à des modèles de pratique évangélisatrice qui accordent une grande place à une instruction soigneuse, selon l'exemple de Paul parce qu'il y a énormément de choses à transmettre. Si nous nous demandons quel. est le message de l'évangélisation, le Nouveau Testament semble indiquer cinq points essentiels qui doivent faire l'objet d'un enseignement.

Premièrement, l'Evangile est un message à propos de Dieu nous disant qu'il nous a faits, qu'en lui nous existons et nous nous mouvons à chaque instant, et dans les mains de qui toujours nous sommes dans les bons comme dans les mauvais jours ; nous ses créatures, avons été faits pour l'adorer, le servir et vivre pour sa gloire. Telles sont les vérités fondamentales du théisme sur lesquelles est construit l'Evangile. Les Juifs de l'époque du Nouveau Testament, forts de la foi de l'Ancien Testament, connaissaient ces choses et, lorsque les apôtres prêchaient aux Juifs, ils pouvaient les considérer comme acquises. Mais lorsque Paul prêchait aux païens, dont l'arrière-plan était polythéiste, il devait commencer par le théisme. Ainsi, lorsque les Athéniens lui demandèrent d'expliquer son discours à propos de Jésus et de la résurrection, il commença par leur parler de Dieu le Créateur. “ Dieu qui a fait le monde... c'est lui qui donne à tous les hommes la vie, le souffle et toutes choses. Il a créé... tous les peuples... pour qu'ils cherchent... ” (Ac 17, 24-27). Il ne s'agit pas ici, comme on le suppose parfois, d'un fragment d'apologétique philosophique que Paul aurait regretté après coup, mais de la “ première leçon ” de foi théiste. L'homme moderne est dans sa majorité ignorant de la création et de la condition de créature, comme l'étaient les anciens Athéniens ; c'est pourquoi, comme Paul, nous devons l'évangéliser en lui parlant du Créateur qu'il a oublié et poursuivre à partir de là.

Deuxièmement, le message de l'Evangile concerne le péché. Il définit le péché entre autres comme un échec : nous ne parvenons pas à assumer l'exigence du Créateur dans sa sainteté. L'Evangile diagnostique la présence du péché en nous, manifestant que nous sommes les esclaves impuissants de notre propre révolte, sous le juste jugement de Dieu et incapables de nous justifier par ce que nous faisons. Tant que nous n'avons pas saisi ces réalités, nous ne pouvons comprendre que Jésus sauve du péché. Toutes sortes de prises de conscience d'un besoin sont des symptômes qui attestent la réalité du péché ; la tâche de l'enseignement évangélisateur consiste pour une bonne part à partir de ces symptômes pour diagnostiquer la véritable maladie et mettre en lumière “ le problème qui se cache derrière le problème ”, c'est-à-dire notre relation fondamentalement faussée avec Dieu.

Troisièmement, l'Evangile est un message sur la personne et I'oeuvre du Christ : une histoire interprétée de la vie terrestre, de la mort, de la résurrection et du règne du Fils de Dieu. Nous devons donner à la fois les faits et leur signification. Que nous utilisions ou non les termes techniques “ incarnation ”, “ expiation ”, et le reste, nous devons enseigner ce qu'ils expriment : qui était Jésus, en relation avec le Père et avec nous, et ce qu'il a fait selon la volonté de son Père pour nous. On a parfois dit que la présentation de la personne du Christ, plutôt que des doctrines le concernant, a mené des pécheurs à ses pieds. Il est certainement vrai que celui qui sauve, c'est le Christ vivant, et qu'une théorie de l'expiation, aussi orthodoxe soit-elle, ne peut se substituer à un sauveur. Mais nous ne pouvons connaître Jésus de Nazareth comme le Christ vivant si nous ne reconnaissons pas qu'il était Dieu éternel, que sa passion et sa mort réalisaient vraiment son action rédemptrice qui porte et ôte les péchés des hommes. Nous ne pouvons voir Jésus comme notre sauveur personnel à moins de saisir cela, ni ne pouvons savoir comment nous approcher de lui sans apprendre que l'homme de Galilée règne maintenant comme Roi divin et doit être honoré comme tel.

Quatrièmement, l'Evangile est un message concernant une nouvelle naissance, il nous dit que notre état dans le péché est si grave que rien de moins qu'un renouvellement surnaturel de notre être ne peut nous sauver. Il doit se produire un commencement entièrement nouveau par la puissance du Saint-Esprit.

Cinquièmement, l'Evangile nous appelle à la foi, la repentance et la vie de disciple. La foi n'est pas qu'un sentiment de confiance, ni la repentance un sentiment de remords ; foi et repentance sont des états dynamiques de la personne tout entière. La foi est confiance et conviction à l'égard du message de l'Evangile, mais davantage encore ; née du désespoir de soi, elle consiste essentiellement à se jeter et à se reposer sur les promesses du Christ, et sur le Christ qui a donné ces promesses. La repentance est le changement d'attitude du coeur et de l'esprit qui conduit à une vie nouvelle de renoncement au moi égoïste pour servir le Sauveur comme roi à la place auparavant occupée par le moi égoïste. La vie de disciple consiste à se lier au Christ vivant, exalté, comme un apprenti et un compagnon, ainsi qu'aux autres disciples du Christ, comme quelqu'un qui désire à la fois apprendre d'eux et leur donner, qui sait que la volonté de son maître est qu'il demeure en leur compagnie.

Dans les grandes lignes, tel est le contenu du message évangélisateur qui doit être soigneusement enseigné partout où il n'est pas encore très bien connu. L'oeuvre du Saint-Esprit opère la repentance des pécheurs et suscite leur foi, mais c'est notre tâche et notre responsabilité de nous assurer qu'ils sont au clair sur ce qu'est l'Evangile, en quoi il les concerne, pourquoi et comment ils devraient y répondre. A moins d'être sûrs qu'une personne a compris ces choses, nous pouvons difficilement la presser de donner sa vie au Christ, parce qu'il n'est pas encore clair qu'elle soit dans une position qui lui permette de le faire réellement et en toute responsabilité. Quels que soient les moyens et les structures utilisés pour l'évangélisation, nous devons enseigner tous les points sus-mentionnés. Si nous essayons de restreindre le processus d'enseignement et de précipiter une “ décision ” sans passer par celui-ci, nous ne produirons que des dérangements psychologiques ; les gens viendront dans nos bureaux et à nos sessions d'accompagnement dans un état d'agitation, ils manifesteront des signes d'engagement à notre demande, mais lorsque le choc sera passé, il apparaîtra que leur décision n'a rien signifié, sinon qu'ils seront alors devenus plus ou moins réfractaires à l'Evangile. Si un petit nombre se révélait être vraiment converti, ce serait le cas malgré nos méthodes, plutôt qu'à cause d'elles.

Ma présente tâche n'est pas de risquer un jugement sur telle ou telle façon d'évangéliser pratiquée aujourd'hui, mais il sera apparu clairement dans ce qui a été dit qu'il n'y a pas de milieu plus sûr ou plus naturel pour l'évangélisation que l'enseignement régulier, le témoignage et l'éducation de l'Eglise locale.



[1] Kuiper, op. cit. p. 163. 1005t821s605q7

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Umbak k

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9 août 2015

Le concept d'évangélisation Si nous nous tournons

Le concept d'évangélisation

Si nous nous tournons maintenant vers la Bible et lui permettons de nous instruire, nous découvrons qu'elle offre une conception de l'évangélisation trinitaire et théocentrique. On définit généralement l'évangélisation comme une oeuvre humaine et cet humano-centrisme est ici encore la source de bien des erreurs. A l'opposé, la perspective biblique fondamentale est celle d'une évangélisation qui est I'oeuvre de Dieu.

Dieu le créateur, dans la gloire et la puissance de sa tri-unité, est à la fois Dieu sauveur et Dieu l'évangéliste. Le monde créé par Dieu est placé sous un jugement à cause de l'apostasie et du péché des hommes - “ En effet, Dieu manifeste sa colère depuis le ciel sur tout péché et tout mal commis par les hommes qui, par leurs mauvaises actions, empêchent la vérité d'agir ” (Rm 1,18). Mais Dieu aime le monde qui lui est devenu hostile à cause du péché ; “ car Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne meure pas mais qu'il ait la vie éternelle (Jn 3,16). Il est le Dieu qui envoie par amour. Le Père “ nous a aimés et a envoyé son Fils pour que, grâce à son sacrifice, nos péchés soient pardonnés ” (1 Jn 4,10) ; le Fils nous a conduits à la connaissance du Père (Jn 14,9) ; le Père et le Fils ont envoyé l'Esprit pour rendre témoignage et nous faire connaître le Fils (Jn 14,26 ; 15,26 ; 16,14) et par lui, son Père qui est notre Père (cf. Jn 20,17). C'est par le moyen de l'Esprit que s'ouvrent les yeux des aveugles et les coeurs insensibles de telle sorte que le Christ soit reconnu selon sa gloire divine comme notre Seigneur et Sauveur. “ Le Dieu qui a dit : "Que la lumière brille du milieu de l'obscurité!" est aussi celui qui fait briller sa lumière dans nos coeurs, pour nous donner la connaissance lumineuse de la gloire de Dieu qui resplendit sur le visage du Christ ” (2 Co 4,6). “ Personne ne peut déclarer : "Jésus est le Seigneur!" s'il n'est pas guidé par le Saint-Esprit ” (1 Co 12,3) mais, lorsque l'Esprit illumine, c'est précisément ce qu'affirment les gens. De cette manière Dieu, selon son amour souverain, se rend vainqueur de la paralysie spirituelle et de la perversité du coeur humain marqué par le péché ; par cet enseignement intérieur opéré par l'Esprit, il nous attire à lui (Jn 6,44 ; cf. 1 Jn 2,27). “ Si l'on peut user d'un anthropomorphisme et attribuer à Dieu des sentiments humains ”, écrivait R.-B. Kuiper, “ Dieu a la passion des âmes ”[1] ; telle est la manière dont Dieu exprime et accomplit son projet. Il nous a créés, il nous aime, il a payé le prix de la rançon, il nous réclame pour lui : “ Oui, c'est toi, Seigneur qui me sauves! ” (Jon 2,10).

Mais ce n'est pas tout. Dans la Bible, l'évangélisation n'est pas seulement une oeuvre de Dieu, elle est aussi une oeuvre des hommes, ou plutôt une oeuvre de Dieu par le moyen des hommes. Comme Dieu a envoyé son Fils pour qu'il devienne homme et qu'il “ fasse connaître ” le Père (cf. Jn 1,18), de même, adhérant pour ainsi dire au principe de l'incarnation, Dieu envoie les chrétiens comme hérauts, ambassadeurs et enseignants en son nom et de sa part (ce sont là les trois mots utilisés par Paul pour exprimer son office de porte-parole de Dieu : kerux, presbus, didaskalos). La tâche que Dieu donne à ses messagers est premièrement et essentiellement de l'ordre de la proclamation. Le Nouveau Testament exprime cette tâche principalement par l'utilisation de trois verbes, avec les substantifs qui en découlent : euaggelizomai (annoncer la Bonne Nouvelle : euaggelion), kérussô (prononcer une déclaration : kérugma) et martureô (rendre témoignage : marturia).

Néanmoins, cette proclamation n'est pas qu'une information “ à prendre ou à laisser ”; il s'agit en fin de compte de “ persuader ” peithô, 2 Co 5,11 ss., etc., de “ faire des disciples ” (mathéteuô, Ac 14,21) et de cette manière “ retourner ” ou de “ convertir ” (epistrephô); dans cette acception, ce verbe a pour sujet non pas Dieu, mais l'évangéliste ou le pécheur ; c'est ainsi que Paul dit à Agrippa que Christ l'a envoyé auprès des païens “ pour qu'il leur ouvre les yeux et les ramène de l'obscurité à la lumière ” (Ac 26,18, cf. Lc 1,16, Jc 5,19 s.). L'évangélisation est ainsi que je l'ai écrit ailleurs, “ une communication qui vise la conversion ”[2].

Ceux qui évangélisent sont donc “ ouvriers ” avec Dieu (2 Co 6,1). S'ils suivent l'exemple de Paul, ils ne se permettront pas d'oublier que tout pouvoir manifesté par leur témoignage et tous les fruits qui en résultent viennent de Dieu et non d'eux-mêmes. Paul écrivait aux Corinthiens : “ Je vous ai annoncé Christ crucifié de telle manière que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais bien sur la puissance de Dieu ( ... ) j'ai mis la plante en terre, Appollos l'a arrosée, mais c'est Dieu qui l'a fait pousser ” (1 Co 2,5 ; 3,6 ; cf. Ac 19,9 s. où les “ nombreuses personnes ” du verset 10 sont ces Corinthiens que le Seigneur se donnera pour but d'appeler à lui par le moyen de la prédication de Paul). Paul écrit aux Thessaloniciens : notre Evangile vous est parvenu “ avec puissance, avec l'aide du Saint-Esprit et avec l'entière certitude de la vérité de cette nouvelle ” (1 Th 1,5). Cela explique pourquoi ils l'avaient reçue “ comme la parole de Dieu, ce qu'elle est en réalité. Ainsi elle agit en vous qui croyez ” (2,13). Paul considère leur conviction comme le fruit de leur élection et remercie Dieu pour leur foi, car elle était son cadeau pour eux (1,2-5 ; 2,13). Luc fait état d'une perspective similaire lorsqu'il dit de Lydie : “ Le Seigneur lui ouvrit l'esprit pour qu'elle soit attentive à ce que disait Paul ” (Ac 16,14).

Reconnaître que tout pouvoir et tout fruit produit par la parole viennent de Dieu et non pas d'une quelconque source humaine ne signifie pourtant pas que l'évangéliste puisse se passer des facteurs humains de persuasion. Les principes habituels pour une persuasion efficace ne subissent pas de changement pour la simple raison que Dieu agirait au travers d'eux de manière spéciale. Paul était très conscient des facteurs humains dans la persuasion (puissance d'une affirmation, sollicitude attentionnée) et il prenait bien garde d'en tenir compte. Il ne mettait aucune limite à ses efforts pour éviter par insensibilité personnelle ou inertie culturelle de dresser des barrières ou de mettre des pierres d'achoppement sur le chemin de ceux qui viennent à Christ. “ Je me suis fait esclave de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. Lorsque je travaille parmi les Juifs, je vis comme un Juif, afin de les gagner. De même lorsque je suis avec ceux qui ne connaissent pas la loi de Moïse, je vis comme eux, sans tenir compte de cette loi, afin de les gagner ( ... ) Avec ceux qui sont faibles dans la foi, je vis comme si j'étais faible aussi, afin de les gagner. Ainsi, je me fais tout à tous afin d'en sauver de toute manière quelques-uns ” (1 Co 9,19-22). Paul fit circoncire Timothée pour éviter d'être une pierre d'achoppement pour les Juifs (Ac 16,3) ; il fit de même, semble-t-il, pour Tite, tout en soulignant qu'il n'avait aucune obligation de le faire (Ga 2,3). La capacité d'adaptation de Paul, pleine d'amour et d'imagination au service de la vérité et des hommes est un brillant exemple pour tous ceux qui se lancent dans l'évangélisation.

En dernière analyse, ce qui a déterminé la conception que Paul avait de son rôle de “ persuadeur chrétien ”[3] était la conscience que son ministère, comme tout ministère chrétien, prenait la forme et les moyens de celui du Christ. C'était Jésus-Christ lui-même, le Sauveur ressuscité et le Seigneur glorieux qui “ prêchait la paix ” (Ep 2,17) dans et à travers l'évangélisation faite par Paul, qui faisait entendre sa voix (Ep 4,21 ; cf. Jn 10,16-17) et qui attirait les hommes à lui (cf. Jn 12,32).

La foi qui portait Paul dans l'évangélisation, c'était la conviction que Christ continuait à faire cela, comme il l'avait fait partout où se répandait l'Evangile (cf. Col 1,6) et, lorsque Paul songeait à ses réalisations en évangélisation, il les décrivait comme “ ce que le Christ a réalisé par moi pour amener ceux qui ne sont pas juifs à obéir à Dieu. Il l'a fait au moyen de paroles et d'actions ( ... ) par la puissance de l'Esprit-Saint ” (Rm 15,18 s.). Dire que Paul et tous ceux qui évangélisent travaillent pour le Seigneur n'est pas faux, mais il serait plus juste de parler d'eux comme travaillant en collaboration avec lui, et plus juste encore de parler du Seigneur qui travaille au travers d'eux; telle serait la vérité la plus précise et la plus profonde.

Le concept d'évangélisation que nous sommes en train d'élaborer doit être étendu à une dimension supplémentaire, celle de la référence au message proclamé. Dans la Bible, l'évangélisation apparaît comme une oeuvre de Dieu au travers des hommes annonçant Jésus-Christ et la nouvelle communauté qui est “ en lui ”. La communication chrétienne n'est pas de l'évangélisation tant que l'entière vérité concernant Jésus n'a pas été présentée. Il ne suffit pas de parler du caractère attractif de sa personne, tout en omettant de mentionner la signification rédemptrice de son oeuvre, comme faisait l'ancien libéralisme. Il ne suffit pas non plus de parler de sa mort comme un sacrifice pour le péché si l'on refuse de confesser sa divinité, comme le font les Témoins de Jehova. Insister sur sa vie terrestre et son rayonnement est insuffisant si l'on demeure agnostique en ce qui concerne sa résurrection physique, son présent règne et la proximité de son retour en personne. Il serait inadéquat d'indiquer quelle relation personnelle Jésus entretenait avec ses disciples il y a deux mille ans si nous ne déclarons pas que Jésus glorifié, même momentanément invisible à nos yeux, nous offre aujourd'hui une relation tout aussi personnelle. Car l'Evangile chrétien se définit essentiellement par cette relation-là. Jésus est vivant et la “ suivance ” (personal discipleship) continue. D'un certain point de vue, cette relation est au centre de la signification de la résurrection de Jésus et de la dispensation de l'Esprit, et de ce même point de vue, elle est également au centre du message de l'évangéliste. De plus, la communauté nouvelle fait partie de ce message central, parce que l'appel à devenir disciple est également un appel à devenir partenaire avec tous les autres disciples.

La question de savoir si l'Eglise fait partie de l'Evangile a été habituellement débattue avec passion. Si le mot “ Eglise ” est pris au sens de dénomination particulière ou d'organisation considérée comme instrument de salut par ses moyens de grâce institués, la réponse est négative. Mais si “ Eglise ” signifie la famille des enfants que Dieu a adopté, dans laquelle sont introduits tous les croyants et dans la communion de laquelle ils trouvent plénitude de vie selon l'intention de Dieu pour eux, alors la réponse doit être positive. John Wesley a exprimé une vérité profonde lorsqu'il a dit qu'il n'y a rien de moins chrétien qu'un chrétien solitaire. L'Evangile est une invitation à la communion, non seulement avec le Père et le Fils, mais aussi avec les saints. Dieu ne nous appelle pas à “ fuir seul vers le Seul ”, mais à vivre comme fils dans sa famille à dimension mondiale, où la règle est celle d'un Père qui prend soin de chacun de nous, par le ministère de nos frères.

A la lumière de notre conception de l'évangélisation comme oeuvre de Dieu, nous pouvons maintenant fixer une définition de l'évangélisation comme activité humaine. Il n'y a pas de raison de ne pas définir l'évangélisation de cette manière, pour autant que soient convenablement soulignés la subordination au projet de Dieu et la dépendance de sa puissance. La définition la plus connue en ce domaine est peut-être celle de la commission d'évangélisation de l'archevêché anglican ; elle déclara en 1918 qu'évangéliser consistait à “ présenter Jésus-Christ, dans la puissance du Saint-Esprit, de telle façon que des hommes en viennent à mettre leur confiance en Dieu au travers de lui, l'acceptent comme leur Sauveur et le servent comme leur roi dans la communion de son Eglise ”. Dans mon livre intitulé L'évangélisation et la souveraineté de Dieu, j'ai souscrit à tous égards à cette définition, excepté la formulation de la proposition consécutive “ de telle sorte que des hommes en viennent à ... ”. Cette phrase implique que le critère permettant de juger si une activité particulière est ou n'est pas de l'évangélisation réside dans sa réussite à convertir quelqu'un. La formulation appropriée pour laquelle je plaide dirait : “ de sorte que des hommes puissent mettre leur confiance en Dieu ”... de cette manière l'évangélisation en tant qu'activité est définie sans ambiguïté en termes de projet plutôt que de conséquence[4]. Cette dernière définition correspondrait alors exactement à la formule plus concise de Michael Green : “ L'évangélisation... consiste à proclamer la bonne nouvelle du salut aux hommes et aux femmes en ayant pour projet leur conversion à Christ et leur incorporation à son Eglise. ”[5]

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[1]  (8) R.-B. Kuiper, God-centered Evangelism : a Presentation of the Scriptural Theology of Evangelism (Grand Rapids, Baker Book House, 1963), p.95.

[2] J.-I. Packer, Evangelism and the Sovereignty of god (Londres, Inter-Varsity Fellowship, 1961), p. 85 ou L'Evangélisation et la souveraineté de Dieu (Jebsheim, Bannière de la Vérité, 1968), p. 82.

[3] Titre d'un ouvrage pénétrant écrit par Leighton Ford sur le travail d'un évangéliste professionnel  (New York, Harper and Row, 1966).

[4] Packer, op. cit., pp. 36 ss.

[5] Green, op. cit. p. 7. Ma définition s'accorde également avec celle du Congrès mondial sur l'évangélisation, de Berlin, qui pousse plus loin celle que donnait la Commission archiépiscopale : “ L'évangélisation est la proclamation de l'Evangile du Christ crucifié et ressuscité, le seul Rédempteur des hommes, selon les Ecritures ; elle a pour but de convaincre les pécheurs condamnés et perdus de placer leur confiance en Dieu en recevant et en acceptant Christ comme Sauveur par la puissance du Saint-Esprit, et de servir Christ comme Seigneur dans toutes les circonstances de la vie et dans la communion de son Eglise, dans l'attente du jour de son retour en gloire ” (citation tirée de Wagner, op. cit. p. 133). 

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